Gwen Ru

Toujours plus à l'Ouest
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Toute l’histoire de notre tour du monde à la voile sur le Gwen Ru, un petit Oceanis de 10m.


AIS, soulevons le capot !

Decembre 2010
Seb

 

Le lundi c'est ravioli

Je ne sais pas vous, mais moi, j'aime bien savoir comment ça marche. Or, en ce moment, j'ai un émetteur-récepteur AIS sous la main et une forte envie de tout démonter... Et comme en cas de grosse boulette, papi Loulou répare, ça serait dommage de se priver :)

 

C'est parti, aujourd'hui, on ne va pas chercher à faire marcher l'AIS sous Maxsea, ça serait trop facile, on va chercher à voir ce qui se passe sur le réseau AIS dans le détail.

On va commencer par installer le boitier et ses antennes, ensuite, on va relier le récepteur AIS au PC. Enfin, le boitier AIS émettant des paquets NMEA et AIS, on examinera le message NMEA qui nous donne notre position GPS, notre cap et notre vitesse. Et comme on sait déjà que ça sera trop facile, on va pimenter un peu le challenge, en allant récupérer les mêmes infos dans un message AIS, avant de déchiffrer les messages donnant la position, et le nom des autres bateaux..

 

L'émetteur-recepteur AIS

L'AIT 250

L'AIT 250 est un émetteur-récepteur AIS de classe B.

Un émetteur AIS diffuse des informations sur le navire: sa position, son cap, sa vitesse, son nom... Il utilise des fréquences proches de celles des radios VHF. Les cargos ont l'obligation de s'équiper de cet équipement dans certains passages: Détroit de Torrès, canal de Panama... Ca permet aux autorités de contrôler le trafic plus facilement.

Pour les voiliers avoir un récepteur AIS à bord, c'est voir de jour comme de nuit les cargos. Etre équipé d'un émetteur AIS ça veut dire etre vu par les cargos.

panama_ais_zoom2bis

Ci-desssus une vue du port de Panama. Les triangles verts sont des navires vus sur l'AIS. En majorité des cargos.

Les cargos utilisent un AIS classe A, un équipement relativement complexe et cher. Pour les plaisanciers, il existe l'AIS classe B, qui offre les mêmes services, avec moins de subtilité au niveau de la gestion des fréquences.

L'interêt du modèle AIT 250, est sa totale autonomie. Il possède son propre GPS interne, pour pouvoir émettre sa position, et sa propre antenne radio.

Pour faire genre, on se lit le manuel : ait250_user_manual.pdf .

Y a qu'à cabler tout ça !

 

L'installation des antennes

Les antennes    L'AIT 250

L'installation est très simple. On commence par installer l'antenne VHF AIS, puis l'antenne GPS sur le mât du radar.

Ensuite on raccorde les deux cables aux prises VHF et GPS du boitier.

Enfin on raccorde le dernier câble au PC et à l'alimentation 12V via un fusible et une entrée sur le tableau électrique.

La connection au PC se fait via une prie RS 232.

 

La prise RS 232

Le boitier AIS nous propose une prise RS232, ainsi que trois fils NMEA. Histoire de disposer de deux connexions, on va câbler ces trois fils à une seconde prise RS 232 pour les connecter au PC.

connecteur_rs232

db_9_male  db_9_female 

Mâle                Femelle

Prises DB9 vue de face.

Traditionnellement les PC offrent un connecteur mâle, et les équipements externes un connecteur femelle. J’ai donc soudé des connecteurs femelle aux fils du GPS et de l’AIS.

En théorie, NMEA et RS 232 n’utilisent pas les mêmes voltages. En pratique, la prise RS 232 est  tellement tout terrain qu’on peut se permettre un câblage direct, et on ne va pas se gêner.

  1. CD, Carrier Detect
  2. RD, Received Data
  3. TD, Transmited data
  4. DTR, Data Terminal Ready
  5. Signal Ground
  6. DSR, Data Set Ready
  7. RTS, Request To Send
  8. CTS, Clear To Send
  9. RI, Ring Indicator

Les broches 1, 4, 6, 8 et 9 servant historiquement à éviter les pertes de paquets entre équipements lents, on ne les utilise plus aujourd’hui. Certains équipements comme mon GPS Furuno ne proposent que deux fils: le 5 et le 3, sur lesquels ils transmettent leurs paquets NMEA en se fichant complètement de savoir s’ils sont reçus ou non. Le boitier AIS, lui, propose les fils 5, 3 et 2. Il diffuse ses informations AIS, et reçoit des informations de gestion d’équipement.

Si on veut bien faire, on peut relier ensemble les broches 4 – 6. De même les broches 7 – 8.

Dix minutes et un fer à souder plus tard, et nous sommes prêts à recevoir les informations.

 

Convertisseur USB – RS 232

Les PC récents n'ayant plus de port série, il faut utiliser un adaptateur USB-RS 232.

connecteur_usb_serial

Sur le PC, pour trouver le port assigné à l’adaptateur on fait un tour dans le gestionnaire de périphériques de windows. Démarrer/Executer: devmgmt.msc.

 screen_peripherique 

Il y a trois convertisseurs USB-Série: COM 8, COM 9 et COM 14. Pour le GPS, l’AIS, et l’Iridium. Là, on va jouer avec le port COM9.

hyper_com

Les bourins sortent donc leur compilateur C++. Les autres lancent l’hyperterminal de windows qui se trouve généralement en C:\Program Files\Windows NT\hypertrm.exe. On ouvre le port COM9 à 38400 bauds avec 8 bits de données, un bit de stop, pas de contrôle de parité, pas de contrôle de flux.

hyper_trace

L'hyperterminal se met à afficher les messages émis par le boitier AIS sur le port série. Nous allons regarder en détail ces messages en commençant par les messages de type NMEA. Ca va commencer à devenir velu. Si vous préférez retourner voir le dernier épisode des Télétubbies, personne ne vous en voudra :)

 

NMEA 183

La norme NMEA s’est enrichie à de nombreuses reprises. On retrouve donc de nombreux messages contenants les mêmes informations.

Pour obtenir la position du bateau, le GPS utilise le message GLL ou GGA de la norme NMEA 183 v1.5 ou v2.0 émis à 4800 bauds. L’AIS pour la même information utilise le message RMC émis à 38400 bauds.

Les données NMEA se lisent sous forme de ligne de 83 caractères max, commençant par $ et finissant par un retour à la ligne (CR/LF, le caractère ASCII 13 pour un retour du curseur en début de ligne, suivi du caractère ASCII 10 pour un passage à la ligne suivante).

ex: $GPRMC,203753.00,A,1055.98201,S,13801.14157,E,2.772,285.68,111210,,,A*7E

Le format est relativement simple:

  • $: le début de trame
  • XX: ‘Talker Id’ sur deux caractères qui est l’identifiant du type d’émetteur du message. Ici GP, qui désigne de façon générale un boitier récepteur GPS.
  • XXX: ‘Sentence Id’ sur trois caractères qui donne le type du message. Ici RMC.
  • Des champs de longueurs variables séparés par des virgules.
  • Un checksum optionnel qui commence par * suivi de deux caractères.
  • Le retour chariot CR/LF qui n’est pas affiché à l’écran.

 

Le message NMEA RMC

Nous venons de recevoir le message :

$GPRMC,203753.00,A,1055.98201,S,13801.14157,E,2.772,285.68,111210,,,A*7E

Regardons dans la FAQ NMEA ce que la norme nous dit :

RMC – Recommended minimum specific GPS/Transit data

  • RMC,225446,A,4916.45,N,12311.12,W,000.5,054.7,191194,020.3,E*68
  • 225446       Time of fix 22:54:46 UTC
  • A            Navigation receiver warning A = OK, V = warning
  • 4916.45,N    Latitude 49 deg. 16.45 min North
  • 12311.12,W   Longitude 123 deg. 11.12 min West
  • 000.5        Speed over ground, Knots
  • 054.7        Course Made Good, True
  • 191194       Date of fix  19 November 1994
  • 020.3,E      Magnetic variation 20.3 deg East
  • *68          mandatory checksum

 

Ce qui dans notre cas donne:

$GPRMC,203753.00,A,1055.98201,S,13801.14157,E,2.772,285.68,111210,,,A*7E  

  • 203753.00 Heure du point GPS: 20h37m53s UTC.
  • A, tout va bien pour le récepteur GPS, rassurant…
  • 1055.98201,S soit 10° 55.98 min Sud
  • 13801.14157,E soit 138 ° 01.14 min Est, ce qui nous place au nord de l’Australie, ou nous sommes effectivement.
  • 2.772 là je ne suis pas fier, on se traine effectivement à 2,7 noeuds. Il y a peu, voire pas de vent, et je suis déjà heureux d’avancer un peu… sig.
  • 285.68 le cap est au 285 à la louche, avec les embardées sur les vagues…
  • 111210, nous sommes le 11 décembre 2010. Bientôt Noël.
  • *7E          on va le considérer bon sans faire le calcul.

Nous avons maintenant toutes les informations sur la position, le cap et la vitesse de notre fier bateau. Nous savons ou nous sommes ! Nous maîtrisons les messages NMEA ! C’est pas beau ça ?

 

Encore plus fort

Maintenant quue nous sommes des caïds du NMEA on va passerà l'AIS.

Les messages AIS sont émis par les navires sur une fréquence en bordure des fréquences radio VHF. Ces messages destinés avant tout aux cargos, sont maintenant utilisés par les bateaux de plaisance. Il donnent des précisions sur les bateaux, leur position GPS, leur cap, leur vitesse, leur nom...

On vient de passer le détroit de Torres, c’était plein de cargos. Ca serait cool de les voir à l’avance sans lever les fesses de la table à carte pour faire un tour d'horizon visuel et sans allumer le radar.

Il suffit de lancer Maxsea me dit Gabrielle, pourquoi tu te fais du mal comme ça ?

Ben, c'est jute que décoder à la main, c'est cool ! Ca a le goût de l'authentique. Le retour au code binaire primordial. Voilà pourquoi... Et Maxsea, c'est trop facile... Ca enlève tout le plaisir du goût.

Je reprends... L’antenne émetteur-récepteur de l’AIS est à l’arrière sur le portique, à 4 m de haut environ. Ce qui donne une portée sur mer formée d’une vingtaine de milles. En passant Torres, on voyait des cargos fréquemment distant de 70 milles et même une fois à plus de 100 milles. Bonne portée, ou répéteurs ?

 

Les message AIS

Autant les messages NMEA sont simples, autant l’AIS a été spécifié par des furieux sous acide.

Juste pour rire, voici le dernier message reçu sur l'hyperterminal:

!AIVDO,1,1,,,B3I0CLP052Ms0>vKqo2ikws5wP06,0*36 , incompréhensible, non ?

Un matin, un gars s’est réveillé et s’est dit que les caractères utilisés dans les messages NMEA étaient codés un octet, soit 8 bits. Ce qui permet d’utiliser 255 caractères différents. En pratique nous n’utilisons que les lettres et les chiffres, soit une soixantaine de caractères, ce qui est codable sur 6 bits. Il était donc possible pour gagner de la place de ne transmettre que 6 bits sur les 8 bits. Vache de radin, le gars devait être banquier dans une vie antérieure…

L’idée aurait pu être constructive si ca avait permis de faire tenir toutes les infos sur un seul message. Mais non, le pire, c’est que les messages AIS tiennent sur plusieurs messages transmis par petits bouts qu’il va falloir stocker, puis réassembler dans le bon ordre, avant des les décompresser. Et puis gérer des timers pour supprimer les vieux messages dont il manque un bout… Pour inventer un truc pareil, le mec devait être consultant en SI financier dans une banque sordide.

 

Bon, on arrête de râler et on met au boulot.

Cette fois ci, on sort le compilo C++ pour de bon. Va falloir mettre les doigts dans le cambouis et tripoter des bits. Et ça sent pas la rose là dedans.

 

Le format de message AIS

!AIVDO,1,1,,,B3I0CLP052Ms0>vKqo2ikws5wP06,0*36

Le format est relativement proche de celui du NMEA:

  • !: le début de trame
  • XX: ‘Talker Id’ sur deux caractères qui est l’identifiant du type d’émetteur du message. Ici AI, qui désigne de façon générale un boitier récepteur AIS.
  • XXX: ‘Sentence Id’ sur trois caractères qui donne le type du message. Ici VDO, message d’informations sur notre bateau émis par notre AIS class B Ca aurait pu être VDM, message d’information reçu venant d’autres bateaux.
  • Le nombre de fragments composant le message. 1 fragment, donc on peut le traider direct, pas de réassemblage à faire.
  • Le numéro du fragment actuel. 1 logique.
  • L’id du message à réassembler dans le cas d’un message en plusieurs fragments. Ici pas d’id car pas de réassemblage.
  • Le type de canal AIS utilisé ‘A’ ou ‘B’. Rien de précisé.
  • Les données compressées.
  • 0*XX Un checksum qui commence par * suivi de deux caractères.
  • Le retour chariot CR/LF.

Pour soulever le capot, il faut récupérer la norme ITU-R M.1371-1. Ca se lit comme ça s’épelle. 

 

Pas de stress, on décompresse

On a reçu B3I0CLP052Ms0>vKqo2ikws5wP06 dans le message, il va falloir les décompresser.

On prend le code ASCII de chaque caractère un par un. On lui retranche 48. Si le résultat est  supérieur à 40, on lui retranche encore 8, et on code le chiffre final sur 6 bits.

B = Code Ascii 66 –48 = 18 = 10010

e = Code  ASCII 101 – 48 = 53, supérieur à 40, donc 53 –8 = 45 = 101101.

Ce qui donne une table de décodage du style:

  • 0 à 9 => 0 à 9
  • :;<=>?@ => 10 à 16
  • A à X => 17 à 40
  • a à x => 41 à 64

Notre message AIS devient donc:

      B = 18 = 010010
    3 =  3 = 000011
    I = 25 = 011001
    0 =  0 = 000000
    C = 19 = 010011
    L = 28 = 011100
    P = 32 = 100000
    0 =  0 = 000000
    5 =  5 = 000101
    2 =  2 = 000010
    M = 29 = 011101
    s = 59 = 111011
    0 =  0 = 000000
    > = 14 = 001110
    v = 62 = 111110
    K = 27 = 011011
    q = 57 = 111001
    o = 55 = 110111
    2 =  2 = 000010
    i = 49 = 110001
    k = 51 = 110011
    w = 63 = 111111
    s = 59 = 111011
    5 =  5 = 000101
    w = 63 = 111111
    P = 32 = 100000
    0 =  0 = 000000
    6 =  6 = 000110

Soit la suite binaire :

      0-29:  010011 000011 011001 000000 010011 
    30- 59  011100 100000 000000 000101 000010
    60- 89: 011101 111011 000000 001110 111110
    90-119: 011100 111001 110111 000010 110001
    120-149: 110011 111111 111011 000101 111111
    150-167: 100000 000000 000110

    On est bien avancé maintenant, on en fait quoi de ce truc ?

Et bien on va aller  la pêche et extraire des bouts de bits à gauche et à  droite pour trouver les champs qui nous intéressent.

 

A la pêche aux moules, moules, moules… (bis repetitas…)

Le type du message est codé sur les 6 premiers bits: 010010  = 18.

Les différents types de messages sont:

    01 – Position Report with SOTDMA
    02 – Position Report with SOTDMA
    03 – Position Report with ITDMA
    04 – Base Station Report
    05 – Ship static and voyage related data
    06 – Addressed Binary Message
    07 – Binary Acknowledge
    08 – Binary Broadcast Message
    09 – Standard SAR Aircraft position report
    10 – UTC and Date inquiry
    11 – UTC and Date response
    12 – Addressed safety related message
    13 – Safety related Acknowledge
    14 – Safety related Broadcast Message
    15 – Interrogation
    16 – Assigned Mode Command
    17 – GNSS Binary Broadcast Message
    18 – Standard Class B CS Position Report
    19 – Extended Class B Equipment Position Report
    20 – Data Link Management
    21 – Aids-to-navigation Report
    22 – Channel Management
    23 – Group Assignment Command
    24 – Class B CS Static Data Report

Nous sommes en train de décoder un type 18, ‘Standard Class B CS Position Report’. Ce qui correspond bien à ce que l’on attend. Cool !

 

Le message AIS type 18 au quotidien

La spécification des champs du message 18 est la suivante:

  • 6 bits: Message Id: vaut 19.
  • 2 bits: Repeat Indicator
  • 30 bits: User Id, le MMSI du bateau.
  • 8 bits: réservé, vaut 0.
  • 10 bits: SOG en 1/10 de noeuds
  • 1 bit: Position accuracy
  • 28 bits: longitude en 1/10 000 de minute. Est positif, Ouest negatif en complément à 2. (Ignorer si la valeur est  6791AC0 hex).
  • 27 bits: Latitude. (Ignorer si la valeur est  3412140 hexhex).
  • 12 bits: COG en 1/10 de degres. (Ignorer si la valeur est  3600).
  • 9 bits: True heading. (Ignorer si la valeur est  511).
  • 6 bits: Time stamp
  • 4 bits: Réservé, vaut 0
  • 3 bits: Réservé, vaut 0
  • 1 bit: Assigned mode flag, 0 par défaut, mode autonome
  • 1 bit: RAIM-flag, 0=not in use, 1=in use
  • 1 bit: Communication state selector: 0=le champ suivant ‘Communication state’ est de type SOTDMA, 1= le champ suivant est de type ITDMA.
  • 19 bits: Communication state, SOTDMA ou ITDMA sert quand l’émission des messages AIS est contrôlée par une station maître… On l’oublie.
  • Soit un total de 168 bits.

Nanti de tout ça, on peut interpréter notre paquet personnel:

  • 6 bits: 010011 = 19
  • 2 bits: 00, le repeat indicator
  • 30 bits: 001101100100000001001101110010 = 227545970 le MMSI du Gwen Ru !
  • 8 bits: 00000000, réservé
  • 10 bits: 0000010100 = 20, soit 2 noeuds… En effet…
  • 1 bit: 0, Précision faible, pas de mode DGPS.
  • 28 bits: 0100111011110110000000011101 = 827.96573 min Est = 137° Est en effet !
  • 27 bits: 111100111001110011101110000  = 1277.23376 min. Le nombre est trop grand, il s’agit d’une valeur signée pour une latitude sud. On va prendre son complément à deux. On fait un NON logique sur les 27 bits (000011000110001100010001111), et on ajoute 1: 000011000110001100010010000 = 64.94352 minutes = 10.8° Sud, ce qui est le cas.
  • 12 bits: 101100011100 = 2844: Soit 284.4° Ce qui est le cap du bateau, plein ouest !
  • 9 bits:  111111111 = 511, valeur à ignorer
  • 6 bits:  110110=54 : time stamp
  • 4 bits: 0010: reservé
  • 3 bits: 111: reservé
  • 1 bit: 1 Assigned
  • 1 bit: 1 RAIM
  • 1 bit: 1 Next ITDMA
  • 19 bits: 1100000000000000110, message ITMDA sans intérêt

On vient de récupérer les mêmes infos qu’en NMEA, mais en se faisant vraiment plaisir cette fois. C’est bon quand c’est pas trop facile.

Les messages de type 1 contiennent à la louche les mêmes champs mais concernent les autres bateaux.

 

Note pour plus tard…

Maintenant on est prêts pour les gros messages AIS en plusieurs morceaux à réassembler qui contiennent les noms des bateaux ainsi que leurs longueurs et tirants d’eau, les terribles messages de type 5 !!!

On s’y mettra dès que j’aurai des traces valables. Pour l’instant on est tout seuls, au milieu du golfe de Carpentaria, sur une eau miroir, et y a pas un chat… Mais bientôt la mer d’Arafura et le coup de vent prévu pour dans trois jours… 

 

A peine le temps de souffler…

Que déjà l'AIs s'affole ! Il nous crache trois beaux messages:

  • !AIVDM,1,1,,A,14VE:8002`9hn`1qmIe3Pjrj00SF,0*3A
  • !AIVDM,2,1,3,B,54VE:802<@fL?HHsJ21<TiHE:1<P4@uN2222220t7B0;>C7<e?E25DTi0FH2,0*51
  • !AIVDM,2,2,3,B,Dk0CQ888881,2*10

Ce sont des messages VDM, donc émis par un autre bateau. Cool, on n'est plus tout seul. Regardons les trois premiers chiffres.

1,1,,A,1... Le premier est un message en un seul fragment (1,1) reçu sur les fréquences AIS classe A, de type 1 'Position report'. Il va nous donner MMSI, position, vitesse et cap du navire émeteur.

2,1,3,B,5...Les deux suivants sont deux fragments (2,1) et (2,2) d'un même message d'identifiant 3 reçu sur les fréquence d'AIS classe B de type 5. Une fois réassemblé, il va nous donner des information sur le navire: longueur, type de navire, tirant d'eau, nom, call sign...

 

Le message AIS type 1

14VE:8002`9hn`1qmIe3Pjrj00SF nous donne en binaire :
010011 100001 101101 010000 000011
110011 101010 110011 011010 000111
000001 100101 110101 100100 000000
000000 100011 010110

Il ne reste plus qu'à grouper les bits pour décoder le message:

  • 6 bits: 000001: Message Id: vaut 1.
  • 2 bits: 00: Repeat Indicator
  • 30 bits: 010010011001010100101000100000: User Id=308628000, le MMSI du bateau.
  • 4 bits: 0000: Navigational status=0. 0=au moteur, 1=à l'ancre, 5=à quai, 8=à la voile.
  • 8 bits: 00000000: Rate of turn. Non précisé.
  • 10 bits: 0010101000: SOG=168 en 1/10 de noeuds, soit 16,8 noeuds
  • 1 bit: 0: Position accuracy
  • 28 bits: 0100111000011011010100000000: longitude en 1/10 000 de minute. Est positif, Ouest negatif en complément à 2. (Ignorer si la valeur est  6791AC0 hex). Ici 81900800 1/10 000 de minutes soit 136.5° Est. C'est cohérent.
  • 27 bits: 111100111010101100110110100: Latitude. (Ignorer si la valeur est  3412140 hexhex). On prends le complément à 2: 000011000101010011001001100=6465100, on multiplie par 10000 eton divis par 60. Soit 10.7° Sud.
  • 12 bits: 001110000011: COG en 1/10 de degres. (Ignorer si la valeur est  3600). Ici le navire fait cap au 89.9°.
  • 9 bits: 001011101: True heading. (Ignorer si la valeur est  511). Ici 93°. Il y a un décalage par rapport au COG du à la dérive courant.
  • 6 bits: 011001: Time stamp
  • 4 bits: 0000: Réservé, vaut 0
  • 1 bit: 0: spare, vaut 0
  • 1 bit: 0: RAIM-flag, 0=not in use, 1=in use
  • 19 bits: 0000000100011010110: Communication state, SOTDMA ou ITDMA sert quand l’émission des messages AIS est contrôlée par une station maître… On l’oublie.
  • Soit un total de 168 bits.

On connait le MMSI de notre nouvel ami, sa position, son cap et sa vitesse. On peut donc s'en rapprocher ou l'éviter. C'est selon. Mais quel est son nom ?

 

Le message AIS type 5

Quand on accole les datas des deux messages ont obtient : 54VE:802<@fL?HHsJ21<TiHE:1<P4@uN2222220t7B0;>C7<e?E25DTi0FH2Dk0CQ888881 , ce qui donne en binaire :
000101 000100 100110 010101 001010 001000 000000 000010
001100 010000 101110 011100 001111 011000 011000 111011
011010 000010 000001 001100 100100 110001 011000 010101
001010 000001 001100 100000 000100 010000 111101 011110
000010 000010 000010 000010 000010 000010 000000 111100
000111 010010 000000 001011 001110 010011 000111 001100
101101 001111 010101 000010 000101 010100 100100 110001
000000 010110 011000 000010 010100 110011 000000 010011
100001 001000 001000 001000 001000 001000 000001

Il ne reste plus qu'à grouper les bits pour décoder le message. Nous avons ausi besoin du code ASCII sur 6 bits: 0=Null, 1 à 25=A à Z, 32=Espace

  • 6 bits: 000101: Message Id: vaut 5.
  • 2 bits: 00: Repeat Indicator
  • 30 bits: 010010011001010100101000100000: User Id=308628000, on retrouve le MMSI du bateau du message précédent.
  • 2 bits: 00: AIS version.
  • 30 bits: 000000100011000100001011100111: IMO number=9192167.
  • 42 bits: 000011110110000110001110110110100000100000: Call sign. 7 caracteres de 6 bits
  • 120 bits: Name. 20 caractères de 6 bits. 010011 001001 001100 010110 000101 010010 100000 010011 001000 000001 000100 001111 010111 100000 100000 100000 100000 100000 100000 100000, ce qui donne: SILVER SHADOW. Mignon.
  • 8 bit: 00111100. Type of ship=60.
  • 30 bits: 000111010 010000000 001011 001110. Overall dimension/ Reference point: bits 21-29:A=58 12-20=B=128 6-11=C=11 0-5=D=14. Longueur A+B=186m Largeur=C+D=25m
  • 4 bits: 0100. Type of Position device. 1=GPS.
  • 20 bits: 11000111001100101101. ETA. Bits 16-19: Mois, 11-15: heure, 6-10: heure, 0-5:minute
  • 8 bits: 00111101. Tirant d'eau en 1/10m. Soit 6,1m.
  • 120 bits: Destination, 20 caracteres de 6 bits: 010100 001000 010101 010010 010011 000100 000001 011001 100000 001001 010011 001100 000001 001110 000100 100000 100000 100000 100000 100000: soit THURSDAY ISLAND, le port australien situé dans le détroit de Torrès que nos venons de longer.
  • 1 bit: 0. Data terminal ready
  • 1 bit: 0. spare, vaut 0
  • Soit un total de 424 bits. On note que 71 caractères de 6 bits donne 426 bits. On gache 2 bits dans la bataille...

Maintenant on connait son petit nom, ses mensurations et sa destination, il ne reste plus qu'à décoder le message donnant l'âge du capitaine.



Et sinon, pour accélérer, on borde la voile, et pour ralentir, on la choque.  Voilà, voilà…