Toute lhistoire de notre tour du monde à la voile sur le Gwen Ru, un petit Oceanis de 10m.
Nouvelle Caledonie
Nouvelle Calédonie - Lifou
On avait prévu un départ cool de Port Vila. Formalités terminées, plein faits, bateau rangé. Mais encore une fois, on redonne dans le classique: l’ancre s’est prise dans une patate de corail.
Cette fois-ci, Gabrielle est la barre et moi au guideau et au palan manuel (je remonte la chaine au palan, et je l’enroule au guideau si tout va bien, ça permet de sentir à la main si la chaine lâche la patate). On va jouer à varier les angles de tir, à monter la chaîne, sentir que ça force, la relacher, tourner, reculer, avancer, reprendre la chaîne. Au bout de 15 min, l’ancre apparait à 2m sous la surface. Avec un gros bidon dans les dents.
Ce n’est finalement pas une patate, mais une saloperie de vieux corps mort dans lequel on a croché.
On va se le finir à la main. Défaire les nœuds, et libérer l’ancre.
Ca y est, on est parti, on a une belle fenêtre météo 10-15 noeuds d’Est. Ca devrait le faire cool.
Quoi ? J’ai dis un truc ?
Ca sera deux jours de nav depuis Port Vila au Vanuatu vers Lifou en Nouvelle Calédonie. Deux jours de gros temps… Comme d’hab.
On s’est mangé du 35-40 noeuds au près serré la première nuit, avec un pic à 43nd dixit l’anémomètre. Moi, 15nd ça m’aurait largement suffi. Mais bon, on fait avec ce qu’il y a…
21 Septembre 2010, on arrive donc tranquillement sur Lifou, pour s’y mettre au mouillage en face de la jolie petite marina de We.
On sent bien qu’il doit y avoir une grosse série de mauvais jeux de mots avec ‘Lifou’ et ‘We’.
Je me lance: Mais ‘lifou’ ci gars ! Ben ‘We’
Plus c’est mauvais, plus c’est bon. Qui dit mieux ?
Le temps de faire les formalités d’entrée sur le territoire et d’apprendre que l’on dispose royalement de 3 jours pour rejoindre Nouméa… Contre 8 il y a encore peu de temps.
C’est donc mort pour une visite en profondeur de Lifou et de l’ile des pins.
On va se contenter d’une petite balade le long de la rue principale.
Chaque ville ou village du Pacifique a sa propre église. Souvent des cultes dont nous n’avions jamais entendu parler. Ici, ça en jette !
Bon, ben, c’est déjà l’heure d’y aller. De toute façon le mouillage est trop rouleur.
De Lifou à Nouméa !
Départ de Lifou avec un vent… en plein dans le nez.
Obligé de tirer un long bord vers le large pour réaliser que le vent tourne de plus en plus, histoire de rester dans notre nez. On arrive finalement à enrouler la pointe Sud de Lifou après 4h de louvoyage au près très serré.
Ensuite, promenade vers le Sud de la Calédonie, accompagnés par des dizaines de milliers d’oiseaux. A moins que ça ne soit toujours les mêmes qui tournent en boucle.
On en profite pour réviser les guides sur la Calédonie.
Après un début de nuit à bourrer comme des fous, une fin de nuit à la limite de la pétole nous amène à l’entrée du canal de la Havannah à la plus mauvaise heure. On se présente vent contre courant. Courant contre nous bien sur.
C’est l’équivalent d’une énorme passe pour entrer dans le gigantesque lagon qui entoure la Nouvelle Calédonie.
Le fond remonte de 2000m à 300m, puis à un plateau de 80m, et enfin la passe qui donne dans le lagon qui fait 10-20m de fond.
On voit de loin l’eau qui bouillonne et les énormes remous créés.
On s’y présente la fleur au fusil, et là on réalise vraiment. Le petit Gwen est secoué dans tous les sens, avec de brusques traces GPS latérales dues à des poussées soudaines de courant.
Et je commence à virer livide. D’après les cartes on est dans la zone des 70m, dans quelques centaines de mètres on sera sur des fonds de 10-20m.
Le sondeur commence à remonter lentement de 80 à 2m, puis redescend, puis remonte, puis redescend…Ceci à chaque fois que l’on arrive dans une des zones de calme au milieu des tourbillons.
Le plus flippant, c’est la remontée régulière, pas juste un saut de 80 à 2m, caractéristique d’un poisson planqué sous le sondeur.
Remontée des fonds ? Baleines ? Bulles d’air ? Alcoolémie ?
Un jour faudra que je pense à changer de vocabulaire dans ces cas là. Au moins faire semblant de maîtriser la situation.
Le temps file quand on s’amuse, et c’est déjà l’heure de se garer pour la nuit en baie du Prony.
Pendant que je prépare les ti-punch, Gabrielle se laisse aller à ses penchants naturels et shoote le soleil couchant.
Ca sera la nuit la plus tranquille depuis un bon bout de temps. Caaaaallme. Ca fait du bien.
C’est énorme, majestueux. Des montagnes décorées de larges déchirures rouges. Une odeur d’iode. Le champs de oiseaux.
J’adore cet endroit :)
Et au petit matin, en quittant la baie, nous croisons nos premières baleines !!! On les a cherchées à Tahiti, entendues de nuit à Niue, espérées au Vanuatu, et les voilà enfin.
Quelques heures de slalom le long des canaux bien balisés, entre les iles et les récifs, Noumea se profile au loin, des planches à voile et des kites nous coupent la route. Ca sent l’écurie.
Et on rentre dans la baie sous grand voile seule, sans ris, par 25 noeuds de vent.
Et c’est notre première marina avec catway (pontons sur le côté des bateaux) depuis les Canaries. De l’eau au robinet et du 220v !!!
Ca va faire du bien de se poser un peu :)
Nouméa, nous y voilà !
Les formalités d’entrée enfin complétées à Nouméa, vous sommes libres de visiter tout notre saoul.
Il n’aura fallu sacrifier que deux malheureuses mandarines. Gabrielle a sauvé les citrons, les tomates, les oignons et les patates douces en faisant des jus et un gâteau avant la venue à bord de l’inspection sanitaire.
On est près pour les ti-punchs à venir !!!
La marina de Port Moselle est énorme, la majorité des bateaux font entre 10 et 16m. Ca se sent à la largeur entre les pontons. Généralement, il faut rentrer au chausse-pied. Ici entre Gwen et son voisin il y a près d’un mètre cinquante de marge.
Bien sûr elle est saturée. Tout comme les quatre autres marinas de Nouméa. Ceci dit il ne faut attendre que 2 ou 3 ans pour avoir une place de 10-16m. C’est combien d’années d’attente pour Carteret déjà ?
Un petit tour au marché, le temps de trouver une boulangerie ouverte un dimanche matin, et on rentre prendre le petit dej sur le Gwen.
Tout beau, tout propre, plus une trace de sel…
Une semaine pour prendre nos marques. Ensuite Laurence débarque du 5 au 31 octobre. On prévoit de prendre 12 jours pour descendre tranquillement vers l’ile des pins, et remonter. Puis laisser le Gwen dans une marina et partir visiter le nord de la Calédonie.
Ca devrait nous occuper.
Ensuite, ça sera l’Australie, ou peut être un peu plus longtemps ici… A voir :)
C’est déjà Noël à Nouméa
(Normal qu’on soit en avance y a le décalage horaire !)
José Lecat vient tout juste de passer nous dire bonjour et nous inviter pour demain. Il est arrivé les bras chargés de paquets.
L’un des paquets arrive directement d’un fournisseur, un second de Jean Gresset à Tahiti, et le dernier… Ma fois, est-ce si compliqué à deviner ?
Un grand merci aux anciens cavaliers du 11ème RC !! Tout particulièrement Messieurs Blanchard, Kosmala et Gresset pour leur maîtrise de la logistique. Ainsi qu’aux bons samaritains qui ont pensé à bourrer le coli avec des petits fours financiers plutôt que du bulpack.
La main dessus !
Spéciale dédicace pour Tonton Moustache
Il semblerait qu’un de tes aïeuls soit venu planter de petites graines sur le Gros Caillou. Et c’est quelques éclipses de lune plus tard, que nous découvrons de nos grands yeux innocents, quoique émerveillés, un très joli stand de primeur au marché de Nouméa !
On fait des folies et voila voila...
Un hydrogène tout neuf et une bière bien fraiche, SVP !
Mon ami l’hydrogène
L’hydrogène, c’est ce petit générateur, qui comme les dynamos dans anciens vélo, ou les éoliennes produit du courant.
Pour faire tourner la dynamo, au lieu de pédaler, on traine une hélice derrière le bateau. C’est moins fatiguant. Comme sur le vélo, ça ralentit bien un peu. Disons 0,5 noeuds si on est à moins de 5 noeuds. Imperceptible si on est à plus de 5 noeuds. Mais elle génère tellement de courant que ça vaut le coup.
C’est un Aquair 100 de marque Ampair. Excellent investissement que je recommande chaudement.
La courbe théorique est pessimiste. A 5 noeuds, ce qui est la vitesse moyenne du Gwen Ru, on obtient 5 Ampères en continu. Soit 100 Ah sur 24h. Pour les bateaux rapides il existe une hélice plus fine qui génère moins de trainée (coarse turbine).
Même en surfant comme des fous, l’hydrogène ne donne pas plus de 8 ampères. Du coup, contrairement à une éolienne, il n’est pas nécessaire d’installer un limiteur de charge. Il se câble directement sur les batteries avec juste un fusible de 10A.
Si toi aussi tu m’abandonnes…
En arrivant sur Nouméa, l’hydrogène qui depuis quelque temps émettait des bruits bizarres, et demandait des vitesses de plus en plus élevées pour commencer à tourner, nous a fait son chant du cygne.
Plus aucune rotation…
Sans hydrogène, il faut faire tourner le moteur de temps en temps. Autant dire que l’on va vite le réparer.
Bistouri, scalpel et clef de 12
Un coup d’œil à l’éclaté trouvé dans le manuel.
Et on devine qu’il va falloir changer le roulement à bille de la face avant. Le manuel précise d'ailleur que les roulements sont des pièces d'usure et qu'il est de bon ton d'en avoir deux d'avance et de les changer régulièrement.
On commence par déconnecter l’hydrogène de la batterie, on enlève les deux vis (10), puis le joint (8). On a alors le roulement à bille de la face avant en visuel. Il manque des billes…
En faisant levier avec un tournevis, on enlève délicatement la face avant. En faisant bien attention de ne pas casser le fil de cuivre reliant le stator avant à l’arrière.
Le rotor est venu avec la face avant. Après avoir retiré le circlip, on l’en extrait délicatement. Il va falloir maintenant retirer la partie centrale de ce qui reste du roulement à bille de l’axe du rotor. Pour faire ça proprement il va nous falloir un extracteur et un étau.
Les amis de mes amis
Aussitôt dit, aussitôt fait, Michel m’emmène faire les courses. On passe d’abord chercher deux roulements neufs, puis on va rendre visite à son pote Papi.
Papi est arrivé en voilier il y a bien longtemps maintenant, et il est toujours aussi passionné. Son atelier est plein de voiles, taquets, et poésie.
Il lui faudra deux minutes chrono pour extraire le reste de l’ancien roulement et nous raconter comment il a réalisé un alternateur d’arbre avec les restes d’une machine à laver le linge…
Plaisir des yeux
Le vieux roulement, et le neuf. C’est pour ça que ça marchait moins bien sur la fin.
On met le nouveau roulement en place. Le roulement de la face arrière, lui, n'a pas bougé. On n'y touche donc surtout pas.
On referme le tout en tapotant une cale martyre avec un marteau, et en faisant bien attention au câble en cuivre, et on revisse.
On bourre de graisse hydrofuge et on remet le joint.
On en profite pour refaire les fixations de l’hélice. C’est que ça s’use… Et vérifier les nouvelles traces de dent. Les rayures que l’on voit viennent de gros poissons qui ont gagné des visites chez le dentiste
Bon ben, y a plus qu’à tester…
Toujours gratifier l'effort !
En attendant, on va voir ce que donne une Manta bien fraîche…
Balade dans le lagon Sud
Après ces quelques jours à Nouméa, les papiers en règle, les lessives faites, les super-marchés dévalisés, nous prévoyons de passer un peu de temps sur l’ile des pins. Joyau du Pacifique au dire de tout le monde.
En arrivant du Vanuatu, nous avons passé une nuit en baie de Prony avant de partir sur Nouméa.
J’avais adoré l’endroit, son calme, le chant des oiseaux au lever du soleil. Du coup, comme c’est sur la route de l’ile des pins on va y passer quelques jour.
On prévoit de mouiller près du village de Prony, de la source d’eau chaude, de l’ilot Casy, et finir par un mouillage près du récif avant de continuer pour l’ile des pins.
Laurence débarque de Paris et nous voilà au complet pour une navigation à vue dans le corail.
Elle n’est pas arrivée les mains dans les poches… Un énorme pot de Nutella émerge de son sac pour le petit dej.
Le Nutella est en effet interdit d’importation en Nouvelle-Calédonie pour ne pas faire d’ombre à la pate à tartiner à la noisette de fabrication locale.
Un tour rapide au centre culturel Jean-Marie Tjibaou.
Une visite à l’aquarium.
En petit tour en haut du mat pour vérifier l’usure et graisser les poulies. Tout est impec, c’est déjà ça de pris.
On complète les niveaux avec un jerrican, de gasoil du Vanuatu. Ca valait le coup de filtrer…
Et c’est parti pour la baie de Prony avec le vent en plein dans le nez.
Hé Laurence, t’es plus à Berck plage, on vit en bikini ici !
Aussitôt mouillé en face du petit village de Prony, on débarque sur une plage de latérite.
Le village est bâti sur les ruines d’un ancien pénitencier.
Le village est sympa, mais le mouillage pas terrible. On bouge donc vers le fond de la baie, vers une cascade et une source d’eau chaude.
Les tropiques… Le sable, le soleil, tout ça…
On a même un voisin au coucher du soleil.
Vue la couleur de l’eau il fallait être motivée, mais Laurence a pris un bain.
Rien de tel pour se faire des potes.
Une petite virée sous une pluie bien présente et gentiment fraiche… La piscine d’eau chaude se mérite.
On change encore de mouillage pour se mettre sous le vent de la petite ile de Casy.
Un hôtel à l’abandon et des paysages à couper le souffle.
Laurence se fait deux potes. Les deux habitants de l’ile.
Quand à Gabrielle, elle étudie l’anatomie des plantes carnivores.
Bon, il est temps de traverser pour l’ile aux Pins.
Goodbye Nouméa
Déjà un mois que nous sommes en Nouvelle-Calédonie. Les journées ont filé à une vitesse folle.
Laurence s'est envolée ce matin à une heure franchement indécente. Elle nous a supporté pendant 29 jours de Nouméa à l'ile des pins, de Bourail à Hienghene, en bateau, en voiture, sous la tente, sous la pluie, sur un bac perdu au nord du pays... Tu vas nous manquer mam'zelle, on s'est bien marré avec toi ;)
Les échanges de numéros d'amis d'amis aux quatres coins de la planète permettent des rencontres vraiment sympa. Au revoir Elian et Nathalie, en espérant se recroiser un jour :)
Notre dernier week-end à l'ilot Maitre avec Michel et toute sa famille. A bientôt Michel !
Un grand au revoir pour Yolande et José qui nous ont accueilli à bras ouverts. Au plaisir de vous revoir sur Paris un de ces jours.
Comme le dit Didyme, on ne dit pas Adieu, mais au revoir, et on partage une coco pour la route...
Ca fait mal de partir déjà, on se débrouillera pour revenir un de ces jours :)
C'est beau la Nouvelle-Calédonie...
C'est parti
La clearance de sortie est faite...
Les dernières cartes postées...
Le dernier check météo récupéré...
Outch... Gros coup de vent du coté de Brisbane...
Bon ben, plan B, on va sur McKay directement pour rester au nord de la dépression.
De là on remontera la grande barrière de corail pour passer le détroit de Torres et aller jusqu'à Darwin.
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