Toute l’histoire de notre tour du monde à la voile sur le Gwen Ru, un petit Oceanis de 10m.
Cherbourg
Fabriquer le portique de son voilier en 10 leçons
Sur un bateau tout le monde se pose en permanence la même question: Mais ou suspendre le hamac ?
A la fin, chez certaines personnes qui pourtant paraissaient au début bien portantes, ça peut même tourner limite à l'obsession.
Partir au soleil et ne pas prendre le temps de buller avec un bon bouquin, un verre bien frais et de la bonne musique dans un hamac ? Même pas en rêve !
Les questions connexes inhérentes se posent alors:
- quel type de hamac ?
- ou le suspendre ?
- faudrait peut être arrêter de fumer ce truc à l'odeur bizarre ?
A toutes ces questions une seule réponse: un GROS portique !
Sans portique un bateau est tout juste capable d'aller vite sur l'eau. Alors qu'avec un portique on peut ajouter plein de poids sur l'arrière et ralentir ainsi cette course un peu folle à la vitesse. Il est alors temps d'en profiter pour enfin ne rien faire... Elle est pas belle la vie ?
Un portique ça sert à plein de choses. On peut y accrocher le drapeau français. On peut y suspendre le hamac. On peut s'en servir comme support arrière pour un bimini ou un dog house. On peut aussi mettre une éolienne, des panneaux solaires, des antennes de toute sorte, et même remonter l'annexe.
Notre objectif sera donc un portique solide, avec un étalonnage raisonnable. Qui ne vibre pas et avec quatre points d'ancrage dans le pont. Séances de brainstorm pour définir la forme et les points d'ancrage. Discussions avec des voisins de pontons pour éviter ce qu'il ne faut pas faire.
On arrive au final à une forme assez classique: deux tubes pliés et des entretoises. Il est assez haut. On peut tenir debout dessous sans s'exploser la tête et les panneaux ainsi que les pâles de l'éolienne ne seront pas à portée de doigts.
Pour rire, je demande un devis à un artisan du coin…. 4000 € Ca ne rigole pas.
Michel se proposant de nous donner un coup de main substantiel, on va se faire ça en famille…
Pump up you boat avec un portique en 10 jours.
Day 1: Table à dessin
Prise des cotes et réalisation d'un plan papier.
Day 2: Maquette en PVC
Achat de tube en PVC, d'un gros rouleau de scotch et réalisation d'une maquette grandeur réelle sur le bateau. Ca permet de prendre les vraies mesures, angles et d'estimer le visuel.
Day 3: Achat des tubes acier
Achat des tubes acier de 6m chez le grossiste du coin.
Vous avez le choix entre:
- inox 316L: L'inox marine. C'est peut être un peu luxe pour un portique dixit un artisan spécialisé dans la réparation de bateau et consulté pour la réalisation des soudures sous argon. On peut le polir ou le peindre.
- inox 304L: L'inox de cuisine, il fera l'affaire. On peut le polir ou le peindre. S'il est poli, il faudra le repassiver de temps en temps.
- acier galvanisé: le touché n'est pas agréable et la peinture tient mal. Il est moins cher que les inox et seule la zone autour des soudures (là ou le galva va parlir sous l'action virile de la chaleur de la soudure) risque de rouiller.
- acier noir: il faudra le galvaniser ensuite ou le peindre très régulièrement.
Les soudures devront être faites à l'inox avec un poste à souder pro pour ne pas coller en permanence, idéalement sous argon si on veut le top du top.
Au final, nous avons pris acier galva et soudure inox simple, avec 3 couches de peinture. Le bilan financier est imparable. On verra bien ce que ça donne sur la durée. On gardera un pot de peinture sous la main.
Day 4: Pliage, découpe et pointage à l'arc des tubes
Starring:
Momo le poste à soudure, et ses baguettes inox
Robert la ceintreuse;
Ginette la disqueuse, ainsi que ses disques à découper et ceux à dégrossir.
Les tubes sont en premier lieu cintrés à l'aide d'une cintreuse hydrolique. Les angles sont mesurés avec un gabarit en bois.
Les 4 demi-arceaux sont présentés les uns sur les autres, avant d'être coupés à la bonne longueur.
Un tube de 10 cm de tuyau est ouvert à la disqueuse, et refermé au marteau pour donner un tuyau d'un diamètre inférieur sur lequel vont venir s'emboiter et se souder les deux demi-arceaux. La soudure du milieu est lissée à la disqueuse.
Les pieds sont ensuite découpés à la bonne longueur.
Découpe des entretoises qui assureront la rigidité et la souplesse du portique.
Le portique est alors assemblé et les soudures pointées. Elles seront finalisées après présentation au bateau. On ne sait jamais s'il faut tout casser...
Day 5: Présentation de l'arceau au cul du bateau (oups, cul c'est un gros mot ?)
Le moment est venu de voir si tout ce qui a été fait a bien été fait.
Sur place nous trouvons l'arceau trop haut, et c'est le prétexte à une séance de découpe à la disqueuse sur le ponton. Loin des autres bateau, et en tenant compte du vent pour ne polluer personne avec les particules de fer qui ne manqueront pas de rouiller en quelques jours.
Day 6: Finalisation des soudures, réalisation des fixations et du support de l'éolienne
La soudure va couler, il faut donc la faire l'arceau debout, de coté, allongé, bref dans tous les sens.
Installation de l'échafaudage à l'ombre histoire de mieux voir ou on soude, et c'est parti mon kiki.
On termine par les entretoises et c'est presque terminé.
La fixation des pieds au pont est la partie la plus critique. Il n'y a aucune surface plane, aucun angle droit...
Réalisation d'une maquette en bois pour la fixation des pieds. Découpe ensuite dans une plaque d'inox.
Le pied est pointé, puis soudé, et l'angle d'ouverture est finalisé au marteau.
Les pieds du portique sont percés et viendront se fixer sur ces fixations en inox.
Percer de l'inox, ça demande de la douceur et de la patience ainsi qu'une perçeuse ayant un bon couple à basse vitesse. Si vous voulez aller trop vite, la mêche chauffe et ça pête. On a du en cramer 3 ou 4 au total avant de comprendre. C'est comme la fission de l'atome: de la douceur, de la douceur.
L'éolienne sera fixée sur le coté avec deux plaques de silent-bloc.
Day 7,8,9: 3 couches de Peinture
3 couches de peintures métal. Une par jour.
Du matos, une assistante motivée et c'est parti.
On peint l'extérieur, et l'intérieur.
Day 10: Fixation sur le bateau
Il ne reste plus qu'à emmener l'arceau au bateau. Percer le pont, fixer les contre-plaques, boulonner, sans oublier de bien faire l'étancheité.
Il a pas une belle gueule avec son arceau mon bateau ???
Bon ok, y a toujours pas de hamac, mais ça va venir !!
Colissage...
On se laisse vivre... Enfin... Disons qu'on ralentit un peu le rythme.
Matinée peinture pour une première couche blanche sur le portique.
Mistinguette est super fan à l'idée de peindre l'arçeau jusqu'à ce qu'elle réalise qu'il faut peindre en ... en... en... en BLANC ????
C'est pas une couleur ça !!!
Tu préfères pas en bleu, Papa ? Un beau bleu pastel ? Bon, ok, on va le faire.
Comment ça esclavagiste ???
Midi, excitation par mail et téléphone. L'éolienne attendue avec fébrilité aurait été livrée hier soir... Mais où ? Finalement, le transporteur se serait pointé hier mais n'aurait trouvé personne... pom pom pom... On va rester cool.
Quelques échanges, et le transporteur se pointe dans le quart d'heure, complètement paumé. Y pas de nom de rue ici !!!
Vache que c'est lourd !!! 11kg de rotor...
Bonne nouvelle le deuxième colis est parti hier. Réception lundi à la louche.
Les mesures de l'Aerogen sont prises, il va nous falloir un tube INOX 304L de 1m en diamètre 25,4 si possible 2,5 ou 3mm d'épaisseur. On le trouve en tube de 6m... Mais on veut juste 1m....Ou alors d'épaisseur 1,5mm mais c'est trop fin... pom pom pom....
Fin d'aprem, on retourne le portique sur la pelouse et le rempli de peinture anti-rouille avant de boucher les orifices et le secouer dans tous les sens.
L'intérieur en plus d'être galvanisé sera protégé de l'oxydation par un voile de peinture. Ca devrait le faire.
Demain on verra pour la deuxième couche.
Il n'y a pas que le bateau dans la vie. Le rôle d'un père étant d'apprendre à ses enfants à survivre en milieu hostile, je décide de pousser un peu la formation de ma fille en explosifs.
Les dernières vacances nous avions fait exploser des bouses de vaches avec des pétards.
Aujourd'hui nous passons à l'envol de fusées.
La boite de peinture est trouée à la base avec une mèche de 13 à la perceuse, et une baguette de bois est scotchée le long du goulot. La baguette sert de rampe à la fusée. La fusée est glissée sur la baquette, l'arrière délicatement posé sur le goulot de la boite. On insère virilement un pétard par le trou, (si tu as moins de 18 ans demande à un adulte de le faire), on l'allume et suivant la taille du pétard on court plus ou moins vite, plus ou moins loin...
La première fusée Marina 01 (en photo avant le dernier décollage, paix à son carénage) aura réussi 4 décollages et explosé en vol lors du 4ème. Le gros pétard déchire franchement grâââve. J'adooore.
La seconde fusée Marina 02 renforcée et alourdie par un solide bouchon en plastique résiste aux plus gros pétards et emmagasine un max d'énergie cinétique. Elle monte super haut !!!!
La fusée Marina 03 sera testée demain. Encore plus grosse et en couleur :P
Bon, c'est l'heure du ti-punch...
Monter, descendre... en haut du mat
Parmis les trucs sympa de la vie sur un bateau, monter et ensuite redescendre du mat est un morçeau de choix.
Aux amateurs bien équipés en potes de confiance, on peut conseiller la chaise. Grimper tranquillement au mat à la force des poignets d'un ou d'une jolie assistante, ça n'est que du bonheur.
Pour les solistes, ceux qui se sont engueulé avec tout le monde, les masochistes ou les amateurs de sensations fortes il existe le kit d'alpinisme. A savoir un baudrier, un gri-gri, 15m de corde de 10, une echelle et un bloqueur. Kit traditionnellement acheté, et testé au vieux campeur.
Plutôt que dix pages de descriptions, démonstration en image...
Main droite le bloqueur, main gauche le gri-gri, les fesses serrées dans le baudrier relié au gri-gri, le pied droit dans l'échelle reliée au bloqueur, le pied gauche sur le mat.
Le mat est ton ami !!! Toujours s'en souvenir.
Tel une amante fidèle, ne t'en éloigne pas trop. Si un coup de gite t'en éloigne (malheureux, tu es monté au mat en mer alors qu'il y a de la houle, et que le bateau roule, roule, roule...), n'écarte pas les jambes au retour. Si jamais tu les écartes, évite d'en passer une à gauche et l'autre à droite...
Outch ! Ca fait mal ? La prochaine fois, tu sauras :)
L'idéal c'est de tester au port, par temps calme. On n'est pas des bêtes...
D'en haut, ça donne ça !!
Pourquoi monter au mat, me direz-vous ! Et bien pour vérifier le bon état général de la mature, ma bonne dame.
Vérifier l'état des cables, des poulies, de l'antenne VHF, de l'anémomètre, de la girouette. C'est hallucinant le nombre de trucs qu'on peut coller là haut.
C'est bon l'antenne TV est réparée, on peut rentrer regarder la roue de la fortune !
Ca ferait quoi si je dévisse ce truc là ?
Lui il a vraiment une salle gueule. On va le changer.
Et voilà :)
Hola, faut pas regarder en bas, c'est avec quelle ficelle qu'on redescend ?
Allez, petit tour d' horizon, tout le monde s'y colle.
Gaffe Flo, jamais tourner le dos à un marin qui revient de 15j de mer... J'vais finir par croire que tu le fais exprès.
Comment ça encore ?
Faut pas rester là Margot, faut continuer à descendre.
Florent, va faire nuit, faut descendre !!!
Changement de l'étai de génois
Première inspection, première surprise… Ca ne sera pas la dernière. Le câble de l'étai du génois est carrément bien détoronné en haut du mat.
Dans l'ordre: Détendre les pataras gauches et droites, détendre les étais gauches et droite, détendre les bas étais gauche, droite. Chouette pas besoin de toucher au bas étai avant. Coté positif, ça tient bien. Coté négatif, ça tient tellement bien que ça ne veut pas bouger. Au niveau des ridoirs, les pas de vis en inox sont littéralement soudés Grand sourire de Vincent le chef d'atelier qui nous explique que parfois il n'y a rien d'autre à faire que couper et changer.
Loulou nous dégaine de la main gauche une énorme clef et de la main droite un tourne-vis titanesque. Un gros Honga, et ça se desserre. Le mat penche vers l'avant.
On installe l'étai largable et on prend la tension dessus.
Ca permet de relâcher la tension sur l'étai du génois et de le démonter sous l'enrouleur. Mal foutu ce truc.
La partie physique étant terminée (mort de rire, on y croyait presque), il est temps d'avaler deux cacahuètes et de monter en haut du mat pour faire descendre l'étai et les rails de l'enrouleur d'un seul coup.
Une fois l'ensemble étalé sur le ponton, ça se démonte presque facilement… il faut TOUT démonter, les vis sont en inox tendre, et se sont soudées dans l'alu du profilé de la voile. Le petit choc thermique des familles nous sauve. Les vis se dévissent sans nous exploser dans le tournevis…
En bateau, l'outil roi, personne n'en parle, tout le monde l'a : Le décapeur thermique !!
Vincent nous refait un câble pour l'étai tout neuf… Pile la bonne longueur. Cool !
Des ptits trous…
Plus qu'à tout remonter, même chose mais à l'envers.
Et là, grosse crise existentielle. Il faut tendre l'étai du génois, et il manque 2mm pour faire coïncider les trous, et faire glisser la targette. Loulou nous sort alors un palan de poche. Ca parait simple, on installe le palan, on gagne les 2mm et hop !
Juste une question, ce palan on l'installe ou ? Au nez du bateau, là ou on veut fixer l'étai, là ou on manque de recul pour le palan ? Sur le ponton, ce qui fait s'enfoncer le bateau ? Sur mon pied droit au final, et c'est à la force du palan et du pied contre la coque que nous avons gagné ces 2mm manquant.
Ok, on aurait pu desserrer les pataras et les bas-étais encore un peu, mais ça aurait été moins fun.
Changement du chauffe-eau
Sous la banquette du carré tribord, se trouvent un réservoir d'eau de 140l et le chauffe-eau.
Après examen rapide, le dit chauffe-eau a une petite goutte au nez et des traces bien visibles de surchauffes.
Ce chauffe-eau fonctionne au 220V, et est relié au circuit de refroidissement du moteur. Quand le moteur tourne, l'eau monte à 80°C.
L'été précédent, le thermostat a claqué et que le chauffe-eau alors relié au 220V s'est mis à chauffer sans s'arrêter. Imaginez la belle odeur de cramé dans le bateau. Il a été révisé il y a 1 an, factures d'atelier à l'appuis, mais en a gardé de belles couleurs chaudes.
Le robinet de surpression, laisse sortir une petite goutte de temps en temps. Il suffit de le changer, il doit y avoir un peu de calcaire. Le nouveau robinet tout neuf se met lui aussi à goutter… Pas normal ça…
Ouverture du chauffe-eau pour une inspection visuelle… Mais c'est plein de merde là dedans !!! C'est pas beau ce qui a été vidé dans le seau.
L'anode est complètement bouffée. On s'offre un petit Avant/Après ?
A l'ouverture, le joint qui était cuit s'est déchiré. Prise de contact avec le distributeur français du chauffe-eau qui nous explique avec un grand sourire que ce joint là n'est plus fabriqué, et qu'il faut changer le chauffe-eau… Oo . Ce chauffe-eau Quick n'a pourtant que 5 ans ! Nous consacrons 15 jours à rechercher un nouveau joint, en vain... Et merde !!!
On a prévu de partir sur Londres dans 15j, sans eau-chaude pas terrible. Un nouveau chauffe-eau est commandé chez Quick.
Il est pas beau notre nouveau chauffe-eau ?
Lui aussi a une goutte au nez ? Bizarre…
Il y a comme des coups de bélier quand la pompe à eau se met en route, c'est peut être ça qui abîme le robinet ?
Installation d'un vase d'expansion sur le rail de distribution de l'eau douce. Tant qu'on y est on met une rampe neuve. Maintenant la pompe ne s'arrête plus… Elle pompe en permanence.
Installation d'un manomètre sur le rail de distribution, on sent venir le gros bug.
La pompe se déclenche bien quand la pression descend en dessous de 0,7 bars, mais elle ne s'arrête pas quand on passe à plus de 2. elle monte à 7 bars, et continue de pomper.
On change donc le contacteur de la pompe. Le petit truc bleu en bas de la pompe.
Tout rentre dans l'ordre, plus de coup de bélier, plus de gouttes au nez.
Le circuit d'eau est nickel ! Merci Loulou !
Mon nom, c'est GWEN RU
Biedal c'est bien sympa, c'est le nom d'une petite crique de la Hague. Mais mon bateau son nom c'est Gwen Ru !!
On va donc décoller les lettres de l'ancien nom, bien tout nettoyer à l'acétone. C'est du délire ce machin là ! Et sacrifier quelques torchons pour tout bien nettoyer impec.
Une petite couche d'eau savonneuse pour que ça glisse bien. Toujours bien vérifier que c'est bien lubrifié avant de tenter quoi que ce soi de physique. Après c'est trop tard.
Lettre par lettre, le nom se dépose, et Gwen Ru se révèle.
Il a pas une belle gueule avec ce nom ce bateau ?
Pour la petite histoire, Gwen Ru ça veut dire, si l'on n'est ni à jeun, ni à cheval sur l'orthographe, 'Vin rouge'.
Si on cherche vraiment à me casser ce qui reste de ce que je me suis explosé contre le mat l'autre jour, ça peut dire 'blanc rouge', ce qui reste dans le sujet. Point.
Amis des bonnes bouteilles et de qui les accompagne: beurre, saucissons, olives (pas gueule de bois ni de mal de crâne), Bienvenue à bord !!!
Baptême de Gwen ru 1/3
Vendredi 18h. un geste ample et vif de la main. Le portable se glisse entre mes doigts.
- Florent t'es ou ? Paris ? J'suis sur Cherbourg, on a un créneau météo pour le week-end. Je fais Cherbourg – Carteret sur Gwen Ru, tu viens me donner un coup de main ?
Samedi, 1h du mat, port Chantereine, cherbourg. Au loin des crissements de pneus me réveillent.
Il va pas monter sur le ponton avec sa caisse tout de même ?
Une vague odeur de caoutchouc brulé flotte dans l'air. Les pneus auraient chauffé ? Quoique , vu la direction du vent, ça vient plutôt de la fourgonnette de la gentille demoiselle qui travaille tard le soir à remonter le moral de vieux monsieurs esseulés. Certains épisodes de la vie dans un port donnent parfois l'étrange impression d'être dans X-files. La vérité est certainement ailleurs. C'est cela, regardons ailleurs.
Flo et Emilie débarquent, ou plutôt embarquent.
Tout le monde est là, Go go go !!!
Sortie tranquille. Nous croisons un pote qui lui rentre au port. D'où vient il ?
Les lumières de Cherbourg s'éteignent au loin tandis que nous longeons la cote. Le vent forcit doucement, le Raz Blanchard, célèbre courant entre la cote et les iles anglo-normades nous attend.
Le soleil se lève sans se presser.
Et c'est là qu'une chose très étrange se serait produite, dont nous ne gardons bien sur aucun souvenir, si ce n'est une photo retrouvée de façon étonnante sur un des appareils numériques alors à bord. Tandis que nous profitions du lever du soleil, pêchant tranquillement, mitraillette à la main, une lumière dans le ciel aurait attiré notre attention. Un ovni de classe alpha, nous aurait survolé pendant quelques minutes, émettant une suite de notes obsédantes ainsi que quelques flash lumineux. Emilie aurait été enlevé pendant 10 minutes, pour subir des tests physiologiques à bord de la soucoupe, avant de réintégrer le bord sans aucun souvenir de cette soucoupe. Nos montres auraient perdues 11 minutes (les 10 minutes plus une petite marge d'incertitude quantique).
- Aucune idée, j'ai dormi tout le temps. Il ne s'est rien passé, arrétez de délirer et éteignez la lumière !!
Plus que l'absence de souvenir de cet ovni, c'est la quasi certitude de ne pas en avoir vu qui est la plus louche. Mais que s'est-il donc vraiment passé ?
Le vent a forci, et le Raz Blanchard s'approche maintenant à grand pas.
En plein dedans, les vagues paraissent un peu plus grosses,la mer est hachée. Mais musique à fond, on débouche la bouteille de rhum arrangé à la banane qu'Emilie nous sort du fond de son sac à main.
Un toast ?
La descente sur Carteret se fait calmement mais sportivement. Heu !! Y déchire grâve Gwen Ru !! On taquine les 8,5 nœud au speedo. Faut dire que la mer est vraiment belle.
Même si ça secoue un peu à l'intérieur.
On laisse le site de la Hague sur notre babord.
Arrivée sur Carteret vers les midi. Slalom, slalom, baby entre les casiers.
Puis entrée dans le port, bien au milieu du chenal, le nez sur le sondeur.
3m, 2m, Heuuu, 1m, 50cm, 20cm, tu es certain qu'on continu ?
0m, ça va toucher !!!!!
Ca touche pas ?
A vue de nez, y a bien 3m d'eau, et on a juste besoin de 1,6m pour la quille…
Qui m'a étalonné le sondeur ??
Ca y est Gwen est à Carteret… Demain les choses sérieuses vont pouvoir commencer.
Baptême de Gwen ru 2/3
Ce matin il fait beau, Marine a invité ses grand parents et ses cousins à venir visiter son bateau.
On se retrouve à 5 enfants qui courent dans tous les sens sur le pont, et 7 adultes dans le cockpit. Pause Nutella.
La journée s'annonce bien, la porte du port s'ouvre à 12h, nous aurons notre tirant d'eau à 12h30. Mais, heu, la cérémonie commence à 12h30, ça risque pas d'être un peu chaud comme timing ?
Florent et moi, Christiane et Joëlle, Michel et loulou, nous sommes tous à bord, fin prêts à baptiser Gwen Ru.
Mais, et Marine ? Elle est où Marine ?
Mais ici, allongée sur la bôme, bien au chaud dans la grand voile...
Petit coup de vent sur Carteret, à peine sortie du bassin, nous croisons le bateau du curé... Qui rentre… La cérémonie de lancer de gerbe a été écourtée à cause du gros temps.
On ne va pas se laisser abattre.
On y va !!! Quand même, hein les gars !
Ca va ? Heuuu, ça sert à rien de verdir… Le mouvement du bateau, c'est normal. Hein ! Je vais mettre un peu de voile, comme ça on sera appuyé et ça bougera moins. Elles sont grosses les vagues, hein ?
Ca souffle bien, là ! Et ça tangue un peu beaucoup... Ca va tout le monde est en forme ?
-Impec, moi je me met au chaud !
- On va peut être pas trop insister, non ?
- On va mouiller derrière le quai, à l'abris du vent.
- Tout le monde est ok ?
- On chante une chanson pour se donner du cœur ? Plus tard alors ? Ok
Voila, dans le chenal, c'est calme. On attaque le baptême.
On est au mouillage à l'entrée de Carteret, en Normandie. Franchement, y a besoin de faire le tour de la terre pour avoir des plages de rêve ?
Marine, en tant que marraine du bateau sort les dragées (assortiment de bonbons Haribo), et les bouteilles de vin. Les bouteilles, pas la bouteille. On va pas boire de l'eau quand même !!!
Après le petit speech d'usage, Marine se rend à la proue du navire et verse allègrement quelques grosses rasades. Avec un peu de bol, ça va protéger l'ancre de la rouille.
- Maintenant c'est officiel, mon gars, ton nom c'est Gwen Ru !!
Le temps se calme, et avant de rentrer se garer au port, nous passons deux belles heures à bronzer, tester l'annexe, et regarder une démonstration de sauvetage en mer de l'hélico des pompiers.
Attention Florent, une sirène, elle va tenter de te noyer par ses chants mélodieux...
et voilà, pourtant t'étais prévenu !
- Je suis le maître du monde !!
Belle journée en définitive.
J'adore quand un plan se déroule sans accro.
On remet ça ?
- Germat'h Gwen ru !!!
Baptême de Gwen ru 3/3
Pour le retour, même scénario à l'envers. On se leve vers 3h heure du mat. Le 'vers' prend toute son importance. Le temps de préparer le café, et de larguer les amarres, il est déjà 3h35… Trop tard pour sortir du port, on risquerait de se planter comme des bouses sur un banc de sable.
Tout le monde retourne se coucher.
Départ vers midi après une bonne grasse mat, c'est déjà plus sympa.
Temps de demoiselle, on va même jusqu'à s'appuyer au moteur pour arriver dans le Raz Blanchard au bon moment, sinon il faudrait attendre la marée suivante… Plus de 6 heures dans la vue.
On en profite pour pécher un peu, et jouer avec les voiles. Ca monte, ça descend, ça se règle dans tous le sens.
Bilan des courses: trois beaux maquereaux dans l'assiette. Avec du pain beurre, et une petite bière, ça passe bien.
Spéciale dédicace pour Loulou, le passage du raz se fait avec la 'chevauchée de walkyries', version 'Apocalypse now' à fond la caisse. On a réussi à lui trouver la BO dans un coin.
Rentrée dans Cherbourg de nuit. Petit retour peinard.
