Toute lhistoire de notre tour du monde à la voile sur le Gwen Ru, un petit Oceanis de 10m.
Traversée du Pacifique
Et une traversée du Pacifique à la voile, une !
- “Tiens et si je partais cet aprem pour traverser le Pacifique ?”.
- ben, oui, pourquoi pas ?
Hé mon gars, c’est que ça ne se fait pas comme ça ! Faut d’abords faire les formalités de sortie du territoire… Et c’est reparti pour une journée de balade dans les bureaux panaméens.
Heureusement, une fois l’immeuble trouvé, au fin fond de la zone des docks, tous les bureaux sont à proximité.
Coups de tampons, signatures, photocopies et dollars changeant de main, je me retrouve plus riche d’une grosse poignée de paperasse. Chouette !
Le plein est fait, j’ai de quoi tenir deux mois, y a plus qu’à.
17 mars 2010
Dernier plein d’eau au ponton du Balboa Yacht Club, et c’est le départ. direction les iles des Perlas, juste à la sortie de Panama.
Encore dans le chenal, je hisse ma grand voile, et là c’est le drame, deux de mes chariots de grand voile sont en voie de rupture.
Consolidation rapide à l’epoxy. On verra si ça passe la nuit. Ca le fera :)
Un vol de canards sauvages et déjà la nuit se couche sur le rail de Panama. Il y a des cargos à perte de vue.
Départ sur les chapeaux de roue
Gwen file, et je me retrouve à longer les Perlas de nuit. On ne refuse pas le vent quand il est là, je sqweeze les Perlas, direction l’ile Malpelo à mi-chemin des Galapagos !
Le golfe de Panama est dégeulasse, je me prend deux troncs d’arbres. Des bottes, des tongs, des branches, des sacs plastiques…
Le safran n’a pas du aimer, il y a un bruit étrange.
Ho fuck ! Comme dirait mamie Jeannette. Le tube du safran qui était collé contre la parois du fond s’est décollé. Et le tube se balade de gauche à droite dans des grincements pas super funs.
A la longue ça risque de péter le fond de la coque…
Je commence avec une bonne vingtaine de vis inox pour refixer le tube. L’ancienne strat tient bien, et les vis mordent à pleine dents. Une fois le tube de nouveau solidaire de la parois, je refais une strat, cette fois-ci avec des vis en support. Les finitions ne sont pas terribles, mais ça ne bougera plus d’un poil d’ici Tahiti !
Je peux enfin profiter de la traversée…
Un petit tour chez le coiffeur…
Culture… Heu, c’est techniquement possible un truc pareil ? Rhooooooooooo !
Passé Malpelo
Une fois passé l’ile Malpelo, c’est la cata. Le pot au noir, les droldrums, les horse latitudes, les vents bizarres, qui passent du nord au sud en vingt minutes, de 5 noeuds à 25 noeuds en un instant. Le bordel, quoi !
Et ça va durer cinq jours.
Pour corser le tout, des dizaines de petites barcasses de pécheurs en bois, invisibles au radar, tirent d’énormes filets. Un gros pourcentage de voilier se prennent l’hélice dedans tous les ans.
Le ciel est noir, couvert par des énormes nuages. Le plafond est bas, l’eau est d’huile. Et régulièrement je me prend de bonnes grosses averses tropicales sur le coin du museau…
Et parfois c’est des journées entières de calme plat. Et bien sur, je me mange un méchant courant qui porte au nord, alors que les cartes promettent un courant sud…
Je gère mon gasoil, c’est que ça part vite, même avec mon Volvo sobre comme un chameau. Loulou me fait un routage aux petits oignons, après cinq jours de veille avec du sommeil par tranche de 45 minutes, je suis à la masse. Défoncé..
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Je me fais un copain. Il est sympa, mais ne parle pas beaucoup.
Bon, il est ou le vent ?
Non de là, en voilà, et ça dépote grâve !!! Même le courant est avec moi…
Quand y a du vent on avance, les Galapagos, ça sera pour une autre fois.
Latitude Zéro
On y est presque ….
25 mars 2010 17h40 locale
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Et c’est fait ! Je suis dans le Pacifique Sud !!!
Je passe avec un voilier dans mon 180, ça sera le seul rencontré dans la traversée.
Sud des Galapagos
La zone est une extension du pot au noir, ça avance globalement, mais ça reste inconfortable. Seul coté cool, il n’y a plus les barcasses. Je peux faire des nuits entières, même si au matin, je me retrouve un peu n’importe ou…
Par moment la gite est tellement forte que le matelas glisse et remonte le long de la parois.
27 mars 2010
Tranquille, sous spi, je croise un troupeau de baleine, c’est magique.
Jeudi 1er avril
A 6h23, je suis réveillé par un choc sourd contre la coque. Légèrement en vrac, je monte sur le pont dans un grand bruit de raclement. Quelque-chose frotte contre la coque. Encore un tronc d’arbre ?
Non de d’là, je suis rentré plein pôt dans un sous-marin russe de classe Alpha. Je reconnais bien le modèle, j’ai revu ‘A la poursuite d’Octobre Rouge’ hier soir.
J’affaisse les voiles, mets le bateau en panne, prépare l’imprimé réglementaire pour le constat à l’amiable, et tente un contact via le canal 16 de la VHF.
Pas de réponse. Puis dans un énorme bouillonnement d’écume, le sous-marin plonge et disparait, me laissant là à mes rêves de petit dej au caviar et à la vodka.
Heureusement qu’il y a que quelques traces légères sur le gel coat, j’ai même pas eu le temps de relever le numéro d’immatriculation.
5 avril 2010
Je suis à Mi-Pacifique. Ca se fête ! L’iridium croule sous les sms, ça fait chaud au coeur :)
8 avril 2010
La mer se calme, le vent aussi. Pour avancer dans défoncer mes voiles avec le ragage, je me fais des nuits sous spi.
Le matin, c’est l’hécatombe, je ramasse des poulpes et des poissons volants à la pelle.
Le chariot de voile a finalement rendu l’âme.
Et c’est parti pour un atelier couture, et un beau coulisseau tout neuf. Toujours en poste à Tahiti.
10 avril 2010
Ca commence à faire long. Vivement les Marquises. On sent la fatigue. Je rate mon envoi de spi et la drisse monte en tête de mât… J’ai la flemme de monter la chercher. Je finirai sous génois tangonné.
Je passe mes nuits à regarder monter de nouvelles constellations. Je connais la croix du sud, la carène, les voiles maintenant. Je pourrai faire le kéké à Tahiti !
19 avril 2010
Je ralenti pour arriver à l’aurore sur Hiva Oa. La nuit va être longue :)
20 avril 2010
2h48: La nuit est noire. La lune est déjà couchée, et le soleil ne se lève que dans trois heures. La masse de l’ile se détache à peine. Je ne suis pourtant qu’à 6 miles.
je longe l’ile, pas un feu, pas une seule lumière, rien.
Je suis content d’avoir le radar. Ca me confirme ma position sur la carte.
5h08: Entre chiens et loups, les nuages se découpent à l’est. La cote apparait. Je laisse l’ile Motané à babord, et je longe la cote sud d’Hiva Oa.
Au loin, trois feux plus ou moins visibles. Vraisemblablement blanc. Des bateaux au mouillage ? Un éclairage ?
Je me glisse tranquillement dans la baie en préparant mon mouillage.
13h35: Au mouillage, sur deux ancres.
En cet instant, rien ne pourrait effacer le sourire extatique qui m’éclaire le visage.
Je viens de traverser Pacifique à la voile.