Toute lhistoire de notre tour du monde à la voile sur le Gwen Ru, un petit Oceanis de 10m.
Passer le détroit de Torres: De Cairns a Darwin
Une navigation en charentaises
Après avoir bien profité de Sydney et de Cairns et de ses barbecues, on reprend la mer l’esprit tranquille, bien reposés, direction Lizard Island, 150 miles au nord.
La navigation se fait vent arrière, génois tangonné sur une eau plate sous un grand soleil et un ciel bleu. Au menu, steak et salade fraiche.
Elle est pas belle la vie ?
Lizard island
On arrive le lendemain en soirée sur Lizard Lisland. La nuit se passe tranquille, mouillés devant le récif (14°39.59S 145°26.99E). Au petit matin, nous nous glissons entre le récif et la plage pour un mouillage de rêve (14°39.81S 145°27.10E).
Eau cristalline, sable blanc… On va y rester quelques jours…
Mais faut pas croire qu’on se tourne les pouces, hein ! On en profite pour remplacer l’anode de l’hélice, refaire des housses pour le carré, réparer la pompe de la douche qui commençait à devenir capricieuse…
Il est pas joli comme ça le carré ?
Un couple de petits oiseaux à bec bleu trouve le Gwen sympa et vient faire son nid dans le réflecteur radar.
Un peu au nord, quand même
Les journées filent et déjà nous repartons. Nous avons 300 miles à faire d’ici Torrès. Nous longeons des iles, des récifs, des plateaux de corail, et de nombreux cargos. Il y a toujours quelque chose à portée du regard. Là on vient de croiser le Captain Igloo.
La remontée jusqu’à Torrès se faire tranquillement vent arrière et au travers. On suit les rails grâce à la carto et au GPS.
Le détroit de Torrès
Mince couloir, pavé de corail, entre l’Australie au Sud et la Papouasie-Nouvelle Guinée au Nord, le détroit de Torrès est le passage obligé pour passer rapidement de l’océan Pacifique à l’Indien.
Quand on ne désire pas visiter la cote Est de l’Australie, on utilise le passage Nord-Est, avec une escale ou non à Thursday island pour y faire son entrée en Australie.
Quand on vient de la cote Est de l’Australie, on utilise le passage Sud, l’Endeavour Strait, qui évite Thursday island. La zone autour de Thursday island est en effet une zone de Quarantaine Spéciale. En gros, si on y passe, il faut refaire toute la procédure de quarantaine, avec visite du bateau et destruction des produits frais.
Nous avons passé le Cap York de nuit, puis avons tiré des bords pour ralentir et arriver au lever entre les iles Meddler et Kay-Yelubi qui marquent l’entrée de l’Endeavour Strait.
Le passage est large de près d’un mile et aurait pu se faire de nuit au GPS et au radar, mais quand on ne connait pas…
Et franchement, passer Torrès, de nuit, en douce, ça aurait manqué de panache.
Bamaga
D’après le guide, il y a un mouillage au ponton du village de Bamaga, derrière une petite ile.
Ce mouillage se paye. Il y a un banc de sable qui fait du 1,8m de profondeur sur un demi-mile. Il faut le passer en suivant un alignement pour retomber sur un fond de 3m. Nous avons 1,8m de tirant d’eau, heureusement la marée est avec nous, on aura toujours plus de 80cm sous la quille.
On le suit jusqu’au bout et on retombe dans 5m d’eau, mais le vent se met à forcir. Et le joli mouillage s’avère bien exposé. On ressort donc par ou on est entré.
Le Golfe de Capentaria
On repart donc vers l’Ouest en laissant l’ile de Woody Wallis au Nord pour pénétrer avec le sourire dans le golfe de Carpentaria. On repasse progressivement à des profondeurs de 10m puis 30m, puis 50m sans corail ni iles.
Le vent baisse de plus en plus. L’alizé de Sud-Est disparait, et nous expérimentons la pétole pure, et commençons à vider les jerricans de gasoil.
Nous croisons régulièrement des immenses nappes de ce qui ressemble à des grains d’avoine. Comment est-ce arrivé là ?
Les dauphins viennent jouer avec l’étrave du Gwen. C’est un plaisir toujours renouvelé.
Le coup de pompe
La pompe à eau de mer du moteur nous fait la surprise de se mettre à fuir. Quelques litres par jour… Nous avancerons donc avec le moteur à 1200 tours, histoire de ne pas solliciter la bête.
Je referai le joint extérieur à Darwin, avant de changer les joints internes et les roulements à Bali. En arrivant à Bali, j’avais 5l par demi-journée de moteur.
Vessel islands
Il nous faut 4 jours pour faire les 340 miles qui nous séparent des Vessels islands. Ce n’est que le début des nav galères avec des moyennes à faire pâlir un rémora.
Alors que nous approchons de l’ile Marchinbar, un aigle vient essayer de se taper le leurre que nous remorquons. Il plongera dessus, et ressortira de l’eau heureusement le bec vide. Il essayera ensuite de se poser sur les barres de flèches et se prendra un coup de mât dans les fesses. C’est beau la nature.
La ligne sera d’ailleurs comme toujours vide, et le leurre a encore une fois pris cher. Il est sectionné en deux. Pourtant ce n’est pas faute d’être passé à travers de banc de bonites tellement excitées qu’elles sautaient hors de l’eau en meute.
On va se poser quelques heures dans la baie de two island sur la côte Ouest de l’ile Marchinbar, en 11°04.50S 136°43.99E. Le guide nous promet des crocodiles, mais pas une écaille à l’horizon. Le coin n’est pas particulièrement joli, l’ancre dérape, on ne reste donc pas longtemps.
La mer d’Arafura
Nous sommes maintenant en mer d’Arafura. Vent d’Ouest à Sud-Ouest autour de 8 noeuds quand ça souffle. Enormes nuages noirs avec trombes d’eau et des pointes de vents à 40 noeuds, puis une pétole soudaine.
Les trombes d’eau se suivent au radar. On slalome tranquillement. Ce n’est qu’un gentil avant-goût de ce que l’on dégustera dans l’océan indien.
On fera des moyennes de 75 miles par jours. Alternant les voiles quand le vent monte à l’approche des nuages, puis le moteur quand on range tout pour passer le coup de vent à deux miles devant le nuage, et la pétole sous le nuage.
Le golfe Van Diemmen
Plutôt que de couper par le golfe de Van Diemen, on prend l’option de contourner Melville island par l’Ouest. Par vent de Sud-Ouest, et avec un moteur que je ne veux pas pousser, ça sera plus confortable.
Les journées passent doucement. On persiste à essayer de pêcher. On tente un nouveau leurre. Il ne fera pas la journée. Dommage il était joli…
L’avion des coastguards vient nous voir un jour sur deux. Et inlassablement nous pose les mêmes questions. Epeler le nom du bateau, son port d’attache, le dernier port visité, et notre destination.
Et soudain, on se fait surprendre par un nuage un peu plus gros que les autres. De 8 à 42 noeuds d’un coup. Le temps de rouler le génois, sa chute a déjà pris cher. On refera les coutures à Darwin et on le fera refaire à neuf à Bali.
En attendant, on finit la route sans génois. Juste le solent et un moteur à ne pas pousser…
De la visite
Un petit curieux viendra passer quelques jours avec nous. Au début, il se cache sous le solent affalé à l’avant. Très vite, il se balade sur le pont.
Rapidement, il entre dans les cabines, se balade dans la cuisine. C’est marrant jusqu’à ce qu’il nous pourrisse les housses toutes neuves.
Il comprendra vite que sa place c’est dehors… Non mais !
Darwin
Et enfin, le 20 décembre, 17 jours après avoir quitté Cairns, nous enroulons les bouées de Darwin, et allons faire un créneau à Frances Bay après un appel de politesse à l’Harbour Master.